BASE DE DONNÉES
            • FHAR (Le)

              Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire

            • Cinéaste(s) : Carole ROUSSOPOULOS
            • Date : 1971
            • Pays d'origine : France
            • Durée : 00:26:01
            • Format : 1 Pouce A
            • Coloration : Noir & Blanc
            • Son : Sonore
            • Langue initiale : Français
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            • Résumé
            • Document sur la première manifestation de rue gay et lesbienne en France à Paris .
              La manifestation du FHAR (Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire) se déroule à l’intérieur de la traditionnelle manifestation syndicale du premier mai et dénonce le racisme sexuel.
              Pour la première fois s’incrustent dans cette manifestation des hommes et femmes qui défilent joyeusement et fièrement sans service de sécurité avec en tête une simple banderole en toile blanche bombée du nom du (FHAR). Des voix clament « Les pédés dans la rue ».

              Les militants du FHAR (1) scandent des slogans: « Les pédés dans la rue », « Nous sommes tous un fléau social », « Nous ne sommes pas des poupées », « À bas les phallocrates ».
              A la même époque, à l’Université de Vincennes dans le cadre d’un séminaire de philosophie, des militantes et militants du FHAR sont invités à s’exprimer. Une jeune militante, Anne-Marie, exprime la volonté qu’ont les homosexuels français d’adopter une démarche différente de celle des groupes militants homosexuels américains. Aux Etats-Unis, les homosexuels se cantonnent à des boîtes de nuit-ghettos, à des rencontres sexuelles furtives. Elle appelle les personnes présentes à s’emparer de la rue, à ne pas se cacher. Cette jeune femme s’attaque aux « hétéroflics » puis aux « homoflics » réformistes et à la société bourgeoise qui peine à admettre une homosexualité visible et ouverte. Les phrases sonnent fort « Nous sommes une sorte de contradiction de la société bourgeoise… Les femmes sont élevées pour la procréation, les hommes pour devenir des phallocrates... Avec nous, l’héritage, c’est foutu... ». L’écrivain Guy Hocquenghem évoque les rôles sexuels et affirme que les relations sexuelles ne sont pas nécessairement des relations de pouvoir.

              Un homme s’esclaffe régulièrement. Le rôle des folles, le mythe de l’homosexuel sont discutés. Un enseignant évoque les débats sur les homosexuels et l’élite (Cocteau, Marais, Gide…) qui ont eu lieu dans son département de philosophie à l’Université de Vincennes. Guy Hocquenghem donne des chiffres : attentats à la pudeur, détournement de mineurs dont sont accusés les homosexuels et les 300 condamnations qui s’ensuivent en 1967. Il note la discrimination envers les homosexuels à l’intérieur des mouvements révolutionnaires et ironise sur le mythe de l’ouvrier détourné de l’hétérosexualité par les militants du FHAR, prenant plaisir à souligner sa connaissance plus intime des ouvriers (2). Enfin il parle du rôle essentiel du Mouvement de libération des femmes dans l’émergence du FHAR.

              Carole Roussopoulos saisit puis construit au montage les images d’une affirmation identitaire forte, d’une lutte contre les préjugés et d’une incitation à l’ouverture des esprits. Pendant la manifestation, la caméra suit les manifestants, puis cadre les badauds attroupés qui découvrent avec curiosité et étonnement le premier cortège d’homosexuels défilant ouvertement. Le film rapporte quasiment in extenso les interventions à Vincennes. De gros plans sur les visages des participants lors de cette réunion à l’école des Beaux-Arts, rue Bonaparte, soulignent la virulence des propos. Le film revient sur le défilé, les militants distribuent des tracts aux passants tandis que des gendarmes casqués observent la scène. Les dernières images montrent la distribution de tracts à des personnes en voiture, qui croisent la manifestation, arrêtées avec calme et humour par des travestis.

              Ce document vidéo d’une grande valeur historique est la référence absolue de la naissance et de la visibilité du mouvement gay et lesbien français qui s’autoproclame homosexuel dans les années 1970, des premières réunions du FHAR, et de l’apparition du mouvement de revendication d’identité sexuelle (qui plus est dans un défilé syndical du 1er mai en France).

              Ce film est un document fondateur non seulement pour l’histoire et la mémoire du mouvement homosexuel mais aussi dans le cadre de l’émergence d’une pratique de réalisation engagée dont Carole Roussopoulos est la pionnière en laissant la parole à ceux qu’elle filme et en utilisant un matériel vidéo léger (3).

              Notes :
              (1) «Qu'est-ce que le FHAR ? Le Front homosexuel d'action Révolutionnaire est comme son nom l'indique un lieu de rencontre, de confrontation et d'action, destiné à rassembler tous les homosexuels, hommes et femmes, ayant pris conscience de la nécessité de participer à une transformation révolutionnaire de la société. Le FHAR combat cette fiction aliénante qu'est la notion de "normalité » » (extrait d’un tract du FHAR1972)
              (2) Un slogan adopté par le FHAR : « PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, CARESSEZ-VOUS ! »
              (3) Carole utilise le portapack, unité de vidéo légère au format 1/2 pouce, composée d'une caméra et d'un magnétoscope portable qui enregistre en noir et blanc. Lancé par Sony aux Etats-unis en 1965, apparu en France en 1969.
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              Demonstration by FHAR, the Homosexual Revolutionary Action Front, the 1st of May 1971. Demonstration and discussions at the University of Vincennes. A common determination to break prejudice and open minds.
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            • Biographie cinéaste
            • Carole ROUSSOPOULOS

              Née en 1945, Carole Roussopoulos passe son enfance à Sion, avant de partir étudier à Lausanne. En 1967, elle quitte la Suisse pour Paris, où elle rencontre son futur mari, Paul Roussopoulos, avec lequel elle fonde le collectif militant « Video Out ». En 1970, sur les conseils de son ami Jean Genet, elle investit dans la première caméra portative : la fameuse Portapak lancée par Sony, et réalise son premier film « Genet parle d’Angela Davis ». C’est le début d’une importante production de films. Militante féministe, Carole Roussopoulos filme les femmes en luttes : les prostituées de Lyon, les manifestations pour l’avortement, les débats autour du viol, etc. Elle est de tous les combats et accompagne les nouveaux mouvements sociaux qui émergent dans la foulée de Mai 68 : les LIP, le F.H.A.R., le droit des immigrés, etc. En 1982, elle fonde le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir avec Delphine Seyrig et Ioana Wieder, premier centre d’archives audiovisuelles féministe, et continue à tourner en vidéo. Toujours soucieuse de donner la parole aux opprimé-e-s et aux oublié-e-s, elle travaille sur des sujets tabous : viol conjugal, excision, handicap, exclusion.
              Elle meurt le 22 octobre 2009, laissant derrière elle une œuvre colossale de plus de cent films.

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